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Pourquoi ce projet ?

Un constat simple

Cela n'aura échappé à personne, le département des Alpes-Maritimes restent l'un des ​plus touristiques de France, notamment grâce à la Côte d'Azur.

Notre équipe est partie d'un constat simple, réalisé à force de vivre dans la région. Si la ​côte est sujette au tourisme de masse, et surtout l'été, l'arrière-pays du département est ​beaucoup moins fréquenté.


Volonté de mettre en valeur et d'apporter des solutions

Une fois ce postulat de base posé, nous avons voulu mettre en valeur et apporter des ​solutions au tourisme de masse et à la disparité territoriale.

Ce magazine veut donc être porteur de journalisme de solution. Evidemment, il ne sera ​pas exhaustif, mais veut couvrir un large panel de sujets via des reportages, des ​entretiens et des données.


Voilà, avec ce projet, notre humble ambition.


Victor Combalat, Maxime Conchon & Bastien Dufour

Les disparités territoriales face au tourisme

Victor Combalat

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Question d'attractivité

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L'arrière-pays doit faire face au rêve de la Côte d'Azur : ils n'ont pas de plages, pas de mer bleue et pas de grandes stations balnéaires. A cela s'ajoutent des difficultés de mobilités : peu ou pas de dessertes ferroviaires, pas d'autoroutes ni de voie rapide, pas d'aéroports.

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Des difficultés supplémentaires liées à la tempête Alex

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D'ordinaire en difficulté face à la côte d'Azur, les vallées de la Roya et de la Vésubie ont subi à l'automne 2020 la tempête Alex, coupant certains villages du monde durant plusieurs mois. Depuis, certains professionnels du tourisme ont constaté des chutes vertigineuses de fréquentation, allant jusqu'à -50% pour certains, et ce, malgré la gratuité du train durant toute la saison estivale 2021.

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Une faible documentation

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Il est difficile de chiffrer ces disparités territoriales : en effet, dans les quelques études qu'il existe, le haut pays est toujours quantifié soit à l'échelle départementale, soit sur des zones d'emplois. Par exemple, la vallée de la Roya est rattachée à la zone d'emploi de Menton dans les statistiques de l'INSEE.

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Moyen-Pays

5300

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4 %

Haut-Pays

La grande majorité des séjours s'effectuent sur le littoral

Sur les 11 millions de touristes que le département a reçu en 2016, seuls 12% ont séjourné dans le Moyen Pays, et ils n'étaient que 4% dans le Haut Pays. Dernier facteur à rajouter : sur ces 16% de touristes, la moitié ne fréquente que les stations de sports d'hiver.

12 %

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32 %

C'est la proportion d'habitants que concentre la ville de Nice

Avec 342 522 habitants, la ville de Nice à elle seule constitue près d'un tiers des habitants du département, sans même compter son agglomération et le reste de la Côte d'Azur, ce qui conduit nécessairement à des disparités territoriales.

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C'est le nombre de voyageurs qui ont, à l'été 2022, emprunté le train des merveilles vers la vallée de la Roya avec un guide conférencier à bord, au départ de Nice à 8h30 tous les matins.

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170

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3 000

2 000

1 000

0

133

St-Martin Vésubie

St-Etienne de Tinée

Tende

Menton

Antibes

229


1165

2704

Total du nombre de chambres et d'emplacements de camping par commune au 1er janvier 2022 (INSEE)

Nice et Cannes ont été exclues de cette comparaison, car leur nombre de chambres d'hôtels dépassent les 5000, ce qui devient incomparable à un tel niveau.

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Références

  • Portrait socio-sanitaire et environnementale du département des Alpes-Maritimes - http://www.orspaca.org/sites/default/files/portrait_alpes-maritimes_orspaca.pdf [Ressource en ligne]
  • Alpes-Maritimes et tourisme: entre les (trop) pleins et les vides - https://at06.eu/alpes-maritimes-et-tourisme-entre-les-trop-pleins-et-les-vides/ - [Ressource en ligne]
  • Dossiers complets de l'INSEE par commune - [Ressource en ligne]

Le train des merveilles de la vallée de la Roya, ligne de vie, ligne de tourisme ?


Victor Combalat

Face au constat de la faible attractivité touristique du nord des Alpes-Maritimes, à Tour’isme, on s’est demandé si une partie du problème ne venait pas de la desserte de ces territoires éloignés de la côte. On a donc pris notre billet, avec pour objectif de se rapprocher le plus possible du Mercantour.


Photo Victor Combalat

8h15, un dimanche matin du mois de novembre. Me voilà gare de Nice-Ville, à attendre un TER à destination de Tende. La porte d’entrée du Parc Naturel du Mercantour et de la vallée des Merveilles, rien que ça ! Deux heures trente de voyage au cœur de la vallée de la Roya m’attendent. Allez, j’en profite pour vous expliquer notre destination. Pour mettre en avant les difficultés d’accès aux territoires du nord du département, une des nombreuses causes des disparités entre la côte et le haut-pays, nous avons voulu nous rendre le plus loin possible au nord du département, uniquement en utilisant les transports en commun. Nous avions le choix entre plusieurs communes autour du parc du Mercantour, dont Tende, au nord-est, et Saint-Etienne-de-Tinée, tout au nord. Problème : lorsque nous avons cherché à nous rendre dans ce dernier village, en cochant l’option « en transports en commun », sur une application de navigation, aucun résultat. Rien, même pas en car. La seule solution pour rejoindre cette zone des Alpes-Maritimes depuis la côte est de prendre un bus « spécial neige », au départ de Nice, pour une dizaine d’euros, afin de rejoindre les pistes d’Isola : en transports, le nord du département se résume donc à aller faire du ski, puis revenir sur le littoral. Nous avons donc opté pour la seconde solution, la seule ligne de train du département à aller plus haut que la ville de Grasse : direction Tende et la frontière italienne.
























8h30, mon TER, surnommé « Train des merveilles », part à l’heure de Nice. Il faut dire qu’il y a pas mal de monde pour un dimanche matin, beaucoup sont en tenue de randonnée, thermos de café à la main. Mais très vite, les haltes et petites gares s’enchaînent, et le monde quitte petit à petit le wagon. Arrivés à Breil-sur-Roya, nous n’étions plus que trois. Certes, nous sommes au mois de novembre, mais il y a toujours des touristes dans le département, en toutes saisons. Nous arrivons à Tende, après quasiment deux heures trente à flanc de vallée. Sur la place du village, quelques locaux boivent un café à la terrasse du café des sports, dans un calme assez sidérant. En m’enfonçant dans la vieille ville, et sur une petite place, je rencontre Inès, 61 ans, en train d’installer des décorations de Noël sur des barrières. Elle profite de sa retraite ici depuis deux ans, mais vient en vacances dans la région depuis des dizaines d’années, et lorsqu’on lui parle transports, un seul mot revient : le train. « Ici, c’est la seule solution. Comment voulez-vous faire autrement, les routes sont encombrées et fragiles comme on a pu le voir avec la tempête Alex, et c’est pas ici qu’on va dire aux gens de faire du vélo ! Donc on milite pour garder notre train », s’exclame-t-elle. « L’ironie du sort, c’est que la tempête qui a détruit nos vies nous a permis de garder notre train, qui était menacé auparavant. C’est triste de devoir en arriver là… »























Des horaires à revoir, et une incitation à l’aller-retour à la journée ?


Alors maintenant la ligne sauvée, comment faire en sorte que les touristes l’empruntent ? Je continue à discuter avec Inès : « C’est vraiment une question compliquée. Je vous répondrai bien le train, mais les horaires ne sont pas adaptés, et même si les gens réussissaient à venir, on a pas assez de solutions d’hébergement sur place ». Je décide de continuer à parcourir le village pour recueillir d’autres opinions. En arpentant les petites ruelles du vieux Tende, les devantures de magasins abandonnées ne manquent pas. C’est certes un constat national dans les centres-villes, mais là, c’est frappant. Lors d’un arrêt à l’épicerie du village, la gérante Sandra, 42 ans, accepte de prendre un peu de temps pour évoquer notre sujet. C’est surtout qu’elle, perçoit particulièrement le fossé entre la côte et Tende, niveau touristes : elle travaillait jusqu’à l’année dernière dans un hypermarché Carrefour autour de Nice, et a décidé de tout quitter pour reprendre ce petit commerce. « Je trouve quand même qu’il y a quelques touristes, mais ils se comptent par dizaines au maximum, pas par milliers. Après moi j’aime bien le calme, c’est pour ça que je suis venue ici, mais c’est vrai qu’il faut faire quelque chose notamment sur les transports, au pire si les gens ne viennent qu’une journée, c’est pas grave, c’est déjà ça de gagné pour nous ». Et si Sandra avait la solution ? Ne faudrait-il pas travailler sur un modèle où le touriste est logé sur la côte, mais puisse aisément faire un aller-retour dans la journée dans les vallées ?


Un train pas assez fiable ?


Je continue ma route à travers les rues du village, pour arriver devant le bien nommé Musée des Merveilles. A l’intérieur, il n’y a pas foule, voire même personne. Murielle (le prénom a été changé à sa demande), qui travaille à l’accueil du musée et qui vit à Tende depuis quinze ans, a un avis bien tranché sur la question des mobilités : « La solution, c’est le train. Il faut qu’il soit pas forcément plus fréquent, même si c’est toujours mieux, mais surtout plus rigoureux. Pour vous donner un exemple, hier, on apprend que le chef de gare de Breil est malade, donc du coup, pas de trains du tout entre Nice et Tende. On trouve ça juste inconcevable, c’est un manque de considération pour notre vallée, comment voulez-vous faire venir du monde ou même tout simplement bouger ? ». Il me reste désormais une heure à patienter avant le départ de mon train retour vers Nice. L’occasion de faire le bilan de la journée : cinq heures de train pour faire l’aller-retour depuis la capitale azuréenne, ça fait long, mais c’est faisable. Et au final, nous tenons peut-être des pistes pour faire revivre ces vallées : plus de trains, des horaires mieux cadencés, un service plus rigoureux, et, sur la côte, des professionnels du tourisme qui invitent davantage leurs clients à aller visiter ces charmants villages perchés à flanc de montagne. Mais ça, encore faut-il le vouloir…


Pas grand-monde à bord du train des Merveilles jusqu'à Tende... La majorité des voyageurs est descendue à Breil-sur-Roya.

Photo Victor Combalat

Devant la gare de Tende, des affiches noircies témoignent encore de la bataille pour maintenir la ligne. Photo Victor Combalat


Photo Victor Combalat

Le tourisme d'hiver

Dans les Alpes Maritimes

Bastien Dufour

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Popuplation touristique

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La période entre début et mi-décembre est la période de l'année la moins fréquentée dans le département avec 50 000 séjours. A titre de comparaison, on atteint 700 000 séjours le week-end du 15 août.

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En chiffres

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15

C'est le nombre de stations de sports d'hiver sur le département, dont 4 seulement de ski de fond.

20 000 000

C'est, en euros, la somme près de laquelle se rapproche le chiffre d'affaire global des remontées mécaniques.

653

C'est le nombre de km de pistes cumulé sur toutes les stations du département. 469 km de ski alpin et 184 km de ski de fond.

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Autres pays

11%

Paris-IDF

12%

Italie

6%

Bouches-du-Rhône

5%

Monaco

5%

Var

8%

Alpes-Maritimes

31%

Lieux de résidence des usagers des stations de sports d'hiver

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Famille et amis

20.2%

Hôtel

24.8%

Location meublée ou gîte

55%

Types d'hébergements une fois en station

Les Azuréens représentent 36 % des séjours hivernaux, mais pèsent bien plus lourd sur le total des visiteurs à la journée, appelés excursionnistes

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Illustration of a Snowoman
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6 à 7 nuits

52.8%

8 à 15 nuits

5%

1 à 3 nuits

26.9%

4 à 5 nuits

15%

Durée des séjours d'hivers en station

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Références

  • Obervatoire du tourisme de la Côte d'Azur - Comité régional du tourisme Côte d'Azur France - 2018 - 2019
  • Photos Plans sur la Comète

Dans les stations, assurer de la neige et diversifier l'activité


Bastien Dufour

Avec 653 km de pistes de ski alpin et de fond répartis sur 15 stations, les Alpes-Maritimes ​restent un lieu majeur des sports d’hiver en France. Pourtant, année après année, le ​manque de neige menace et il faut s’adapter.


Photo Plans sur la Comète

Photo Plans sur la Comète

La station d'Auron fonctionne grâce aux enneigeurs, comme ici au premier plan. Le manque de neige se fait régulièrement sentir sur les altitudes les plus basses, en témoigne l'arrière-plan. Photo Plans sur la Comète


Si les Alpes-Maritimes reste un département très attractif pour les touristes toute l’année sur la côte, la saison hivernale est stratégique pour les stations de sport d’hiver du département. Chaque année, entre 1 et 3 millions de nuitées sont effectuées dans le périmètre à neige des Alpes-Maritimes selon les chiffres de l’observatoire du tourisme de la Côte d’Azur.


Pourtant, le dérèglement climatique s’accentue et « plus les années vont passer, moins il y aura de neige » affirme Paul Marquis, météorologue indépendant, spécialiste de la région PACA. Selon lui, sur cette saison 2022-2023, « il y aura de la neige au-delà de 2000 à 2500 mètres d’altitude, mais cela va être compliqué en dessous de 1500 mètres. L’automne a été chaud et sec, courant novembre, il y avait déjà un déficit de 30 % à 40 %. La saison démarre mal. »























Du côté des stations, on se veut plus confiant. Yannick Garin, directeur de la station de La Colmiane assure qu’ils sont « prêts, comme d’habitude. La maintenance a été faite, les enneigeurs sont prêts aussi. À partir du moment où on a du froid, on peut faire de la neige ». La principale solution pour parer le manque de neige reste ces enneigeurs, plus communément appelés « canons à neige ». La production de cette neige de culture se fait par projection de gouttelettes d’eau dans un air à température négative, généralement à partir de -2°C ou -3°C. Rien de plus que de l’eau et du froid. Si Yannick Garin garantit que les bassins sont remplis à La Colmiane, la situation globale pourrait être plus compliquée. Selon Paul Marquis, « la sécheresse n’a pas permis aux lacs et réserves de se remplir complètement. Cela dépend des stations, mais s’il y a un déficit de neige, couplé à un déficit d’eau, à moins d’être magicien, il n’y a pas de solution », laisse-t-il entendre.


Ne plus compter sur le ski pour conserver l’activité


Sur du plus long terme, le météorologue n’est pas beaucoup plus optimiste : « le GIEC [groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat] a montré que la durée d’enneigement dans les Alpes du Sud à 1500 mètres passera d’entre 30 et 40 jours aujourd’hui à seulement 5 jours en 2100. On a par ailleurs vu que la limite pluie/neige est remontée de 300 mètres ces 20 dernières années. Le modèle économique actuel des stations n’est plus viable. »
















Une situation qu’a comprise et expérimentée la station d’Auron. La saison 2021-2022 n’a vu que trois chutes de neige, ce sont donc les canons à neige qui ont assuré l’enneigement du domaine. C’est pourquoi seuls 135 km de pistes, soit 65 % de la station, étaient ouverts aux skieurs. 450 emplois saisonniers (dont 150 pour les remontées mécaniques) sont pourvus chaque année à Auron, il est donc nécessaire de trouver des solutions pour conserver une attractivité aux yeux des vacanciers. Krystel Biret, adjointe de direction à l’office de tourisme d’Auron relève une forme de diversification des activités « depuis quelques années. Sans forcément penser au manque de neige d’abord, c’était une demande des clients. Mais le contexte climatique incite à le faire ». Ainsi, la station voit se développer « la luge-tubing, la pétanque sur glace, le chien de traineau, les chasses au trésor, les escape games, etc. On a même rénové la piscine qui est désormais couverte et accessible toute la saison hivernale » énumère-t-elle. Les activités proposées semblent trouver leur public et avoir « beaucoup de succès » ajoute-t-elle. Le tout couplé à une programmation événementielle importante (feu d’artifice, descente au flambeau, etc.) « car à partir de 16h, la clientèle est 100 % non-skieur ». Il n’en reste pas moins que la fermeture d’une partie du domaine l’an dernier aura vu « une baisse de quelques milliers de skieurs, sur les 280 000 venant chaque année ».


En montagne : plus que

« protéger », « sensibiliser »


Bastien Dufour

Chaque année 11 millions de visiteurs gagnent les Alpes-Maritimes pour profiter de la ​Côte d’Azur. Parmi eux, nombreux sont celles et ceux à vouloir profiter des paysages et ​du calme de la montagne. Une forte fréquentation de touristes, et de locaux qui peut ​déstabiliser ce milieu naturel, perturber la faune et dégrader la flore.


Photo Parc National du Mercantour

Photo Julien Chaudet/Parc National du Mercantour

Dans les Alpes-Maritimes, deux massifs montagneux principaux se dessinent dans le ​paysage. Tout à l’ouest, les roches rouges du parc naturel de l’Estérel, qui se prolonge ​aussi sur le département du Var. Plus à l’Est et au Nord, c’est le sauvage parc national du ​Mercantour qui s’impose. Tous deux bombent le torse et en mettent plein la vue à leurs ​habitants et surtout aux touristes qui viennent en masse. Dans l’ensemble de l’Estérel, plus ​de deux millions de visites sont recensées annuellement quand le Mercantour compte ses ​admirateurs en centaines de milliers.


Si Emmanuel Gastaud du service sensibilisation et valorisation du territoire du parc ​national du Mercantour souligne que « comparé au Mont-Saint-Michel, ce n’est pas du ​tourisme de masse », cette forte fréquentation peut poser de réels soucis. Coryse ​Tourdot, chargée de projet au syndicat mixte du grand site de l’Estérel note que « le ​massif est de plus en plus pénétré en profondeur, notamment avec l’essor du vélo à ​assistance électrique. Qui dit plus de personnes, dit plus de dégradations des sentiers ​par exemple. Mais aussi, il n’y a plus forcément de noyaux de préservation de la faune et ​la flore ». Un dernier constat partagé par Emmanuel Gastaud dans le Mercantour : « il n’y ​a pas tant de dégradations que cela, ce sont de trop nombreux dérangements [de la ​faune et la flore] qu’il faut éviter ».


















« Parc national » : plus haut label de protection


Il faut donc créer des zones de quiétude pour préserver la nature dans ces parcs. Dans ​l’Estérel, « les visiteurs vont être orientés vers des sentiers balisés [un nouveau balisage ​devrait commencer courant 2023] et sécurisés afin d’éviter l’éparpillement », éclaircie ​Coryse Tourdot, « il y aura plusieurs centaines de kilomètres pour de la randonnée, du ​VTT, de l’escalade ou des promenades équestres » ajoute-t-elle. Certains chemins ​existants devraient aussi disparaître visuellement, recouverts par des branchages, des ​plantes, etc. Dans le Mercantour, classé parc national, « le plus haut label de protection ​et de biodiversité » développe Emmanuel Gastaud, les zones de quiétudes existent déjà ​dans ce qui est appelé le « cœur du parc », une partie « très sensible et fragile, qui ​contient la faune, la flore et les paysages exceptionnels qu’on connait au Mercantour » ​ajoute l’employé du parc. Les secteurs concernés sont délimités « seulement par une ​corde, des fanions et des panneaux invitant les randonneurs à contourner l’espace ». ​Pour autant, Emmanuel Gastaud assure que la réglementation est « très respectée » et ​que les gardes du parcs sont aussi sur site et veillent à la faire appliquer.






















Sensibiliser, sensibiliser, sensibiliser…


Mais les gardes du parc national du Mercantour ne sont pas là uniquement pour faire la ​police. « Ils ont des missions de sensibilisation », souligne Emmanuel Gastaud. Des ​missions qui s’ajoutent aux nombreux panneaux signalétiques à l’entrée de chaque ​sentier et des prospectus se sensibilisation. « On est favorable au tourisme responsable. ​On travaille avec des prestataires engagés pour la protection du parc. Par exemple, les ​guides sont des vecteurs majeurs de sensibilisation » ajoute celui qui œuvre au service ​sensibilisation et valorisation du territoire du parc. Dans l’Estérel, on met aussi l’accent sur ​la sensibilisation incendie, surtout en été où le massif peut-être fermé entre cinq et vingt ​jours si les risques sont trop importants.






















Des millions d’euros en aménagement


Si le parc du Mercantour a une longueur d’avance sur celui de l’Estérel en termes ​d’aménagements, de forts épisodes météo, comme la tempête Alex à l’automne 2020, ​imposent des rénovations conséquentes. Près de trois millions d’euros ont été investis en ​deux ans pour rétablir les sentiers et les infrastructures (passerelles, etc.). Dans l’Estérel, « ​on n’en est qu’à la mise en place du projet. On a lissé les travaux sur deux ans pour un ​coût total en aménagements d’un million et demi d’euros » fait connaître Coryse Tourdot.


Toutes ces mesures, couplées à une gestion des flux (parkings payants et sur réservation ​dans certaines parties du Mercantour par exemple), semblent pour le moment suffire à ​concilier nature et envie de nature.


De nombreux panneaux de signalisation sont positionnés le long des sentiers pour avertir les randonneurs sur la réglementation en cours. Photo Parc national du Mercantour.

Tous les ans, des centaines de milliers de visiteurs viennent arpenter les sentiers des massifs montagneux du département. Photo Parc national du Mercantour.

Étudier la pollution en mer pour façonner un tourisme durable sur les côtes


Maxime Conchon



Peu de recherches scientifiques s’intéressent à l’impact du tourisme de masse sur le ​monde marin des Alpes-Maritimes ce qui empêche les sites touristiques d'évolué sur le ​plan environnemental.

Photo Brieuc Leturmy-Perrocheau

"Le tourisme peut être une mauvaise chose du fait de la concentration de personnes sur un ​site marin. Mais il peut aussi être une bonne chose : les responsables de lieux touristiques ​doivent préserver leur environnement marin pour que les touristes viennent”. Rémi ​Dumollard est chargé de recherches scientifiques à l’institut de la mer de Villefranche-sur-​mer. Il étudie en partie l’impact des polluants chimiques sur les cellules. Il aimerait volontiers ​parler de l’impact du tourisme de masse sur les espaces maritimes de la Côte d’Azur. “Il n'y ​a que très peu d'études sur le sujet”, déplore le scientifique. Les sujets peuvent être les ​polluants plastiques dans la mer ou encore les rejets chimiques des bateaux. Avec des ​études, il est possible de comprendre les phénomènes et l’influence humaine. Par la suite, ​elles permettent d’être les piliers de potentielles mesures pour réduire les effets négatifs, s’il ​y en a.


Pour Rémi Dumollard le tourisme a un impact polluant, mais sans études, il ne peut pas le ​confirmer. “Il existe des multitudes d’études sur les côtes en Bretagne, mais pour ce qui est ​des Alpes-Maritimes, elles se font plus rares", explique le chercheur. Dire que le tourisme de ​masse a un impact sur les coraux et les écosystèmes marins en général n’est donc pas une ​idée étrange. Si le problème existe en Bretagne il peut exister sur la Côte d'Azure.

















L’importance d’agir


Le tourisme constitue l'un des secteurs économiques les plus importants de l'économie ​mondiale. Selon le rapport Interactions Between Marine Ecosystems and Tourism on the ​Adriatic and Mediterranean (2010), “La plus grande partie des migrations au cours des ​deux derniers siècles a lieu en Méditerranée, qui est la plus importante méga-région ​touristique du monde et qui accueille un tiers des touristes du tourisme international, soit ​plus de 300 millions de touristes étrangers et autant de visiteurs nationaux. Cet énorme ​trafic touristique [...] a lieu principalement sur les zones côtières étroites, insulaires et ​maritimes de la Méditerranée. Ce tourisme affecte la dégradation des écosystèmes marins ​par différents types de pollution. Ils constituent une ressource précieuse du développement ​touristique actuel et futur, dont les contenus et les formes dites sélectives de ces activités ​sont de plus en plus orientés vers la mer.” Ce rapport était porté par le souhait que des ​ONG intéressé par le sujet, face avancer la recherche.


D’un autre côté, le tourisme ne peut pas se passer du respect de l’environnement. ​“L'industrie du tourisme dépend fortement de l'environnement. De plus, la vitalité du ​développement durable du tourisme, dans le respect de l'environnement et en évitant les ​dommages écologiques, a été fortement soulignée par les écologistes, ce qui indique ​l'importance de ce phénomène et sa vulnérabilité”, conclut le rapport The Tourism-​Environment Nexus; Challenges and Opportunities (2016).


Action existante


“Dans les Alpes-Maritimes, comme en PACA de manière générale, il y a eu plusieurs ​initiatives qui ont été mises en place pour réduire la pollution marine ”, relève le chercheur. ​Ce n’est pas parce que les études manquent que les sites touristiques ne sont pas ​observés. “Les îles de Lérins comme le Rade de Villefranche sont des zones extrêmement ​surveillées”, développe Rémi Dumollard. Lors de son installation en 2020, l’Écomusée sous-​marin de Jason de Caires Taylor, situé sous la mer, à 100 mètres du littoral de l’île Sainte ​Marguerite, a nécessité un temps importante d'étude de la zone. Aujourd’hui, le flux ​touristique qu’il génère est surveillé. Agir plus que surveiller, c'est ce que Rémi Dumollard et ​d’autres de ses confrères, aimeraient voir.

L’été 2022 a quasi été exceptionnel en 2022 : 6 millions de touristes, un chiffre pas ​atteint depuis 22 ans. Photo pexels-nathan-shingleton

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Moins de 25% d’achats

locaux

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0

25

50

75

100

ORIGINE DE L'ÉNERGIE DES SITES





Autoconsommation (2%)

Vert (3%)

Standar (95%)

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Étude

  • Enquête et estimations SIRIUS de 2020 sur le territoire des Alpes-Maritimes
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Le tourisme durable

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LOCAVORISME SUR LES SITES

(Manger Local)


29 %

29%

24 %

Plus de 75 %

18 %

Entre 25 et 50%

Entre 50 et 75%

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(Responsable, durable, écotourisme, ​équitable, solidaire, participatif, slow, ​tourisme, agritourisme, pescatourisme)

1 450

sur 10 000 établissements dans le département

(Hébergements, restauration et divertissement)

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Seulement 5,6% des entreprises ont affirmé être ​labellisées ou certifiées

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La majorité des entreprises (60%) anticipent un ​développement de la filière important dans les ​10 prochaines années.


Dans les Alpes Maritimes

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Entreprises ecoresponsables

Les Labels

Avenir

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Maxime Conchon

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Le slow tourisme pour “réellement voyager”



Maxime Conchon

Entretien avec Clément, qui pratique régulièrement ce type de voyage et prend le temps de découvrir, de s’imprégner d’un territoire et des habitants.


Photo Maxime Conchon

À 20 ans, Clément Fabrègues voyage majoritairement en slow tourisme. Une pratique ​qui s’est développée au début des années 2000. Elle promeut le voyage axé sur la ​lenteur. Cette pratique fait partie de la famille du tourisme durable, un tourisme ​alternatif pour minimiser les effets négatifs que produisent les voyages. Depuis deux ans, ​Clément a fait le choix de pratiquer majoritairement ce type de tourisme. Originaire de ​Clermont-Ferrand, il s’est installé à Marseille pour ses études de commerce. Ces derniers ​temps, il séjourné majoritairement dans les Alpes-Maritimes.


















Pour toi, c'est quoi le slow tourisme ?


"C’est prendre le temps de découvrir et de s’imprégner de l’environnement. Cette ​pratique est destinée à ceux qui veulent réellement voyager. Dans le principe, tu évites ​l’avion pour faire un voyage itinérant avec différents moyens de transports, notamment ​le vélo. Pour ma part, j'aime beaucoup être à pied et faire du stop. Sur ta route, tu vas ​forcément être amené à rencontrer des gens et comprendre leur mode de vie. C'est ​enrichissant humainement. Tu peux prendre le temps de visiter, randonner et donc ​t'imprégner des lieux. Le slow tourisme peut se faire seul, en famille ou entre amis."


Tout le monde peut faire du slow tourisme ?


"C’est un type de voyage qui ne se ferme à personne, que tu sois riche ou pauvre, que tu ​sois une fille ou un garçon, que tu aies 18 ou 70 ans. Beaucoup de retraités font du slow ​tourisme, ils n’en sont pas forcément conscients. Au cours de mes voyages, j'ai rencontré ​d’autres voyageurs comme moi. Tous étaient différents, aux valeurs différentes. J’ai déjà ​rencontré une famille avec des enfants en bas âge. Je pense qu’il est possible pour les ​personnes à mobilité réduite de le faire aussi. Forcément, ils ne pourront pas tout faire, ​mais ils peuvent se déplacer en train, prendre leur temps, etc."


Qu’est-ce qui t’a séduit dans cette pratique ?


"C’est enrichissant et ressourçant, je fais une vraie coupure. Je ne suis pas vraiment fan ​du tourisme type hôtel tout compris, où tu ne fais rien. Faire du slow tourisme, c'est à la ​fois avoir des jours où tu ne fais rien et des jours de randonnée, de visite culturelle ou ​autre. C’est se laisser ouvert aux possibilités, aux gens et aux imprévus."


Quel est ton voyage le plus marquant ?


"Avec trois autres potes, nous sommes partis à pied de Digne-les-Bains, dans les Alpes-​de-Haute-Provence, jusqu'à Nice. Je connaissais ces copains depuis le lycée, mais là, ça ​nous a vraiment soudés. Avec 30 km de marche chaque jour, on a mis six jours avant ​d’arriver. On avait tout le matériel nécessaire pour dormir et manger. Chaque nuit, on ​dormait dans des champs. Le plus difficile, c'était la chaleur : on est parti en juillet de ​cette année 2022. Malgré la souffrance, on a toujours réussi à profiter, passer des bons ​moments et on a beaucoup rigolé. C'est une semaine à jamais gravée dans ma mémoire ​!"


Quelles sont tes destinations coup de cœur dans les Alpes-Maritimes ?


"Pour l’instant, j'ai beaucoup fait les Alpes-Maritimes. Je me suis promené à Cannes, ​Nice, Menton et Antibes. J’ai un penchant pour les petits villages avec du charme ​comme Eze. À favoriser en hors saison, c’est beaucoup plus agréable. Pour les ​destinations dans les terres, le parc du Mercantour était incroyable. Là-bas, les gens ​sont davantage ouverts, ils sont très intéressants et ce n'est vraiment pas assez populaire ​pour ce que c’est."


Photo Clément Fabrègues​

Clément, Corentin, Nacim et Valentin en 2022, lors de leur voyage à pour rejo​indre Nice à pied, depuis Dignes les Bains. Photo Clément Fabrègues


J'ai testé pour vous le Bivouac dans ​les Alpes-Maritimes


Maxime Conchon









Faire du Bivouac dans les Alpes-Maritimes est réglementé, mais pas interdit. Je suis parti avec ​deux amis, Noah et Eliot bivouaquer un week-end dans l’arrière-pays.

Photo Macime Conchon

Rando, shamallow, dodo


Samedi 14 janvier, 11 heures :

« Les gars, le train pour Tende vient d’être annulé ». Première épreuve pour les trois ​intrépides que nous sommes. Sur le quai de la gare de Cannes, nous faisons un peu ​tache : allure de baroudeur, de la chaussure aux lunettes de soleil, orné de nos gros ​sacs à dos. Ils sont remplis de vivres achetés juste avant, de beaucoup d’eau, de ​quelques vêtements chauds supplémentaires et d’équipement complet pour dormir. ​Mais nous prenons finalement le premier train direction Menton, nous en aviserons ​sur le trajet. Selon la préfecture, dans l’arrière-pays des Alpes-Maritimes, le bivouac ​est autorisé entre 19h et 9h, à condition d'être à au moins une heure de marche des ​limites du parc, ou d'une route. Finalement, on adopte la GR52 au départ de Tende ​jusqu’à Menton, comme nouveau chemin de pèlerinage.























Samedi 14 janvier, 15 heures 30 :

Après un déjeuner au bord de la mer à Menton et un bus jusqu’à Tende. Nous ​sommes fins prêts à nous aventurer dans la nature Maralpine. Le climat est frais, ​mais le soleil est là. Le départ est rude : nous devons monter environ 400 m pour ​atteindre le point culminant pour aujourd’hui, le col du Razet à 1050 mètres. Nous ​pensons y planter la tente. Notre condition physique de coureurs habitués nous aide ​bien pour cette petite ascension. Nous avons assez d’air pour discuter de tout et de ​rien. Dans un paysage vert surprenant et magnifique.


Samedi 14 janvier, 17 heures 30 :

Nous y sommes, la rando est finie pour aujourd’hui. On n’aura croisé personne sur ​notre trajet. Tant pis, on s’exécute pour aménager le petit lopin de terre que nous ​avons choisi pour passer la nuit. Lampe frontale sur la tête, Noah s’occupe du feu, ​Eliot et moi, travaillons sur l’installation de la tente. Nous sortons le souper, et on ​s'assoit autour du feu. On refait le monde à la lueur chaude des flammes. Il fait ​quand même 5 °C. Avec le soleil qui se couche tôt et notre petite marche, nous ​sommes rapidement fatigués. C’est vers 23 heures que nous nous glissons dans nos ​sacs de couchage pour passer une nuit qui s’annonce très froide.






















Dimanche 15 janvier, 10 heures :

Le réveil est tardif. Nous avons eu froid. Mais cela nous motive davantage à nous ​relancer sur les sentiers. Après avoir tout rangé, nous voilà partie pour rejoindre ​Menton. On a rapidement chaud même si le soleil est voilé par quelques nuages. On ​descend de 400 mètres environ pour remonter plus tard de 1100 mètres d'altitude, au ​Col du Berceau. Les paysages montagneux sont magnifiques. Les rayons du soleil ​mettent en relief leur aspect massif. On fait une pause déjeuner depuis une terrasse ​cultivable. On s’assoupit pour une petite sieste, bercé par le son de cloche d’une ​vache et caressé par les rayons doux du soleil. C’est apaisant.


















Dimanche 15 janvier, 14 heures :

Nous arrivons rapidement vers le Col du Berceau, l’Italie est à quelques dizaines de ​mètres. Nous nous retrouvons au-dessus des nuages. Nous nous posons pour ​observer la mer blanche qui se disperse peu à peu pour dévoiler la mer bleue. Nous ​croisons quelques randonneurs aujourd’hui. Pour redescendre et rejoindre Menton ​pour la dernière ligne droite, la pente est raide. Sur notre trajet, les nuages sont un ​peu partout autour de nous. Parfois, nous avons une vue dégagée sur Menton et la ​mer, c’est à couper le souffle. En deux heures, on retrouve les premières maisons, ​dans la hauteur de Menton. Nous atteignons la mer de Menton à un petit peu plus ​de 17 heures. Nous prenons un petit verre dans un bar pour clôturer ce week-end ​apaisant. Une cure sans téléphone pour laisser place à des discussions réelles. Une ​pause au mode de vie morose « métro, boulot, dodo ».

Photos Maxime Conchon

Photo Macime Conchon

Photos Maxime Conchon

Photos Maxime Conchon

Fin des poubelles à Sainte-Marguerite : Un premier pas vers un changement durable du

tourisme de masse sur la Côte ?


Victor Combalat

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Pour préserver l’archipel de Lérins, la mairie de Cannes a pris la décision de retirer l’intégralité des poubelles qui étaient présentes sur les îles. Le premier bilan, bien que positif, pose tout de même question sur le modèle.

Photo Victor Combalat

C’était un vrai défi. C’est à priori réussi. Depuis le 1er juillet dernier, les poubelles ont ​disparu des îles de Lérins, afin de protéger l’archipel mais également de sensibiliser ​les visiteurs à cette mission. Une décision qui a fait longtemps débat, notamment ​auprès des associations de défense de l’île SainteMarguerite. Elles craignaient de ​se retrouver avec des tas d’ordures dispersés sur l’île, à l’emplacement des ​anciennes poubelles, ou même, pire, dans la nature. Finalement, hormis quelques ​petits incidents, l'un des représentants reconnaît un bilan plutôt favorable : « On ​s’attendait vraiment à pire. Je pense que le message sonore diffusé dans le bateau ​et toute la communication faite autour de la fin des poubelles sur l’île permettent ​cette propreté pour le moment, à voir sur le long terme maintenant ». Les visiteurs ​interrogés, eux, ne voient pas de problème à ramener leur sac de déchets sur le ​continent : « Honnêtement, je trouve ça bien, on voit aussi ce qu’on produit en ​déchets », reconnaît Pierre en descendant de la navette fluviale au port de Cannes. ​Une partie des conséquences du tourisme de masse semble donc avoir disparu, mais ​est-ce pour autant un changement de modèle ?


Ramener ses déchets oui,

mais limiter le nombre de visiteurs, non


En soi, en retirant les poubelles, et en ramenant tous les déchets sur le territoire, on ​pourrait se dire que l’île est protégée des reflux du tourisme de masse. Mais le ​problème, ce n’est pas seulement la saleté, mais surtout le nombre de touristes : en ​effet, plus ils sont nombreux, plus il y a de passage sur l’île et plus la faune et la flore ​de l’île font face à de potentielles perturbations, voire dégradations. A Marseille, il a ​été décidé de limiter l'accès à certaines calanques en saison estivale, pour ​permettre aux touristes de continuer à profiter des lieux, tout en préservant ​l'écosystème. Dans le cas de Sainte-Marguerite, si la traversée en bateau, qui coûte ​pas moins de quinze euros par personne, limite sûrement déjà un peu le flux, pour ​autant, un bateau, qui tourne par ailleurs au pétrole, part toutes les trente minutes ​dans chaque sens. En retirant les poubelles, la mairie de Cannes s'inscrit donc dans ​la transformation du tourisme de masse, mais peut-être pas de manière durable. La ​municipalité n'a pas souhaité répondre à nos questions. Ainsi, si l’effort est louable, ​et que bien d’autres lieux du département devraient s’inspirer de ce qui a été fait, la ​question de la viabilité sur le long terme de ce modèle de tourisme de masse est ​toujours posée, poubelles ou non.

Tende - Photo Victor Combalat


Une production de l'Ecole de Journalisme de Cannes


Conception, rédaction et mise en page

Victor COMBALAT, Maxime CONCHON, Bastien DUFOUR


Encadrante et gestionnaire de projet

Marianne DENUELLE


Février 2023